Balades Romantiques
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 Comme une rose en imposture

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Rosetta von Fersen
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MessageSujet: Comme une rose en imposture   Comme une rose en imposture EmptyJeu 1 Déc - 20:41

COMME UNE ROSE EN IMPOSTURE


Attention, il faut d'abord lire "Comme une rose broyée entre ses mains" jusqu'au chapitre IX compris !!


Chapitre I


Alertés par le coup de feu, les domestiques se précipitèrent dans le bureau du comte.
- Mais que se passe-t-il ? C'est un coup de feu, on dirait ! Monsieur ! Monsieur, qu'est-il arrivé ? Aaahhh !!!
Une balle avait atteint et brisé un buste que Girodelle avait fait sculpter à son effigie.
Sans un mot, le comte rangea ses pistolets, prit une plume et se mit à écrire. Lorsqu'il eut fini, il confia la lettre à l'un de ses domestiques.
- Cours au château Jarjayes, tu y trouveras mon épouse. Remet-lui cette lettre, c'est de la plus haute importance.
- Bien, monsieur.
- Qu'on me laisse seul.

Hans-Axel avait quitté la chambre et faisait quelques pas dans le jardin en compagnie d'Oscar. Il lui restait en tout et pour tout une longue cicatrice au ventre et au flanc, une cicatrice que seule Oscar pourrait voir. Soudain, la jeune femme se raidit : elle venait de reconnaître l'homme qui approchait en se dandinant. Sans un regard pour Fersen, l'homme ôta son chapeau pour saluer Oscar.
- Madame la comtesse, monsieur le comte me charge de vous remettre cette lettre. Il a dit que c'était de la plus haute importance.
Dans sa lettre, Girodelle suppliait Oscar. Il demandait à la voir une dernière fois, conscient qu'il ne la méritait plus. Hans-Axel ne put déterminer si ces quelques lignes avaient touché Oscar ou si elle redoutait quelque piège.
- Je vous accompagne, dit-il lorsqu'elle lui fit part de son intention de s'entretenir avec Girodelle.
- Je vous remercie, Hans-Axel, mais je crois pouvoir m'expliquer avec mon époux. N'oubliez pas qu'il est acculé dans ses derniers retranchements.
- J'attendrai dans le carosse mais je viens également, insista-t-il d'une voix autoritaire.
"Oscar, je vous ai fait la promesse de me comporter comme un époux doit le faire, mais vous, vous rangerez-vous à mes volontés comme une épouse doit le faire ?"

- Franç... Oscar ! Vous êtes venue...
Victor-Clément de Girodelle avait les traits tirés, le teint pâle, et contemplait son épouse de ses yeux tristes. Mais qu'il soit ou non sincère, jamais elle ne pourrait oublier un autre regard, un regard de fou furieux qui s'était posé sur elle tandis qu'autosatisfait il faisait le récit de sa cruauté.
- Que voulez-vous, monsieur ? Vous devriez vous douter que je ne souhaite pas revenir auprès de vous comme si rien ne s'était passé.
L'idée que Girodelle puisse la toucher la révulsait, et plus encore l'idée qu'il se fasse passer pour le père de l'enfant de Fersen.
- Vous avez fait verser le sang de la plus odieuse façon, ajouta-t-elle.
Girodelle se jeta alors à ses pieds. Il implorait son pardon. Pour la première fois de sa vie, il était prêt à être humilié.
- Voyez dans cette folie toute la mesure, ou plutôt la démesure de mon amour pour vous. Vous aviez auprès de vous un homme prêt à mourir par amour, prêt à tuer, prêt à se damner pour vous. Le comte de Fersen en ferait-il autant ? Croyez-moi, s'il met un jour sa vie aux pieds d'une femme, cette femme sera notre reine. Il vous a promis monts et merveilles ? Posez-vous toujours cette question, madame : vous aurez-t-il promis le mariage si son honneur ne l'exigeait pas ?
Oscar ne répondit pas. C'était elle à présent qui gardait la tête baissée. Girodelle avait su tourner la situation à son avantage. Pourtant, il renonça à ses prérogatives d'époux.
- Allez, madame, allez rejoindre votre soupirant. Je vous délivre de vos serments envers moi. Partez avec le comte de Fersen. Faites-vous passer pour sa femme si vous voulez, ce que vous ferez en Suède ne me regarde plus. Me priver de vous jusqu'à ma mort sera mon supplice. Puissiez-vous être heureuse. J'inventerai quelque conte qui expliquera votre départ.
Victor-Clément se releva.
- Je vous dis donc adieu, monsieur, murmura Oscar avec beaucoup de douceur.
- Serait-ce vous offenser de vous demander un dernier baiser ?
Girodelle s'empara de ses lèvres et ils échangèrent un baiser au goût amer.
- Adieu, madame. Songez parfois à celui qui fut votre époux mais ne sut vous rendre heureuse, à celui qui demeurera inconsolable et repentant.

Plusieurs domestiques accompagnèrent Oscar jusqu'à son carosse, portant les affaires qu'elle avait souhaité emporter. Oscar quitta la demeure de Girodelle sans un regard en arrière mais l'esprit fourmillant de questions. Qu'elle le veuille ou non, les paroles de Girodelle l'avait troublée...

Les préparatifs allaient bon train. Oscar voulait quitter le pays avant le retour de ses parents. Le général n'aurait pas compris. Elle lui laissa néanmoins une lettre, et pour le reste il devrait s'expliquer avec Girodelle. Bien sûr, le général ne devait pas savoir qu'André était revenu car il ne manquerait pas de lui reprocher l'attitude de sa fille. Non, voyons : André avait quitté le château Jarjayes au moment du mariage d'Oscar et il n'était jamais revenu. A son tour, Rosalie était partie, avait quitté le service de Girodelle, avait rejoint André et ils s'étaient mariés. Ceci n'était d'ailleurs que la stricte vérité : André et Rosalie se marièrent rapidement, et Oscar en était ravie. Quant à Fersen, il pensait qu'André avait enfin comrpis quelle était sa place. Comme ils se trompaient, tous les deux !
Hans-Axel alla faire ses adieux à la reine. Il rentrait en Suède, disait-il, pour se marier comme son père le lui avait demandé plusieurs années auparavent. Il ne parla pas d'Oscar. Pour Marie-Antoinette, la séparation fut déchirante.
- Nous reverrons-nous jamais, monsieur ? dit-elle en pleurant.
Hans-Axel sentit son coeur se serrer.
- Nous nous reverrons, votre majesté, j'en fais le serment.
Mais Oscar ? Quelles nouvelles épreuves l'attendaient en Suède ?
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Rosetta von Fersen
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MessageSujet: Re: Comme une rose en imposture   Comme une rose en imposture EmptyVen 2 Déc - 22:52

Chapitre II


Lorsqu'elle posa le pied sur le sol suédois, Oscar sentit son coeur battre à vive allure. Avait-elle fait le bon choix, suivre Fersen en se faisant passer pour sa femme ? A vrai dire, elle n'avait pas vraiment eu l'occasion d'y penser tant elle avait souffert des effets de sa grossesse pendant le voyage. Elle souhaita ne plus jamais prendre le bateau.
A présent, elle était inquiète. Inquiète de l'accueil que lui réservait la famille Fersen. Inquiète tout simplement de ce mensonge qui devait lier sa vie. Non, elle n'était pas l'épouse de Fersen, elle était la femme de Girodelle. Mais elle portait l'enfant de Fersen, et Girodelle lui avait permis de prendre la fuite en amoureux contre leur silence à propos de la tentative d'assassinat.

De son côté, Fersen était aussi très nerveux. Au moment, de quitter la France, il avait écrit à son père pour lui annoncer qu'il s'était marié, et que cela faisait déjà quelques mois. Il voulait afficher une certaine cohérence en rapport avec la grossesse d'Oscar. Il assurait son père de ses regrets de n'avoir pu l'en informer plus tôt, de ne l'avoir point averti, et lui promettait son retour prochain, car il souhaitait s'établir en Suède avec son épouse. Il avait ajouté de nombreuses formules flatteuses pour amadouer le Comte Fredrik-Axel, et s'était enquis des autres membres de sa famille qu'il n'avait pas vu depuis fort longtemps, puisque leur dernière entrevue datait d'avant la guerre d'Indépendance.
Fersen n'avait pas attendu de réponse pour s'embarquer à Calais. Il avait hâte de régler cette affaire de présentation, et de savoir si Oscar serait adoptée ou non. Pour la première fois, il avait menti à son père, et sa conscience le torturait. Les Fersen détestait le mensonge, c'était la plus vilaine chose qui soit au monde. Fredrik-Axel pouvait se montrer impitoyable, aussi ne préférait-il pas imaginer ce qui arriverait si jamais il découvrait la supercherie...

Fersen ne montra cependant aucun trouble lorsqu'il présenta Oscar, son "épouse". Il expliqua même avec complaisance d'où lui venait un prénom aussi masculin. Tout en conservant une apparence détendue, il gardait du coin de l'oeil un regard sur sa famille dont il scrutait les réactions. Oscar, quant à elle, tint son rôle à la perfection, bien qu'elle n'y ait été nullement préparée. Elle se montra charmante envers chacun bien qu'elle y eut préféré se reposer. Elle ne montra pas son trouble. Le coeur battant, elle attendait pourtant de savoir ce que l'on penserait d'elle, derrière les politesses d'usage.

La stupéfaction avait envahi la maison des Fersen lorsque Fredrik-Axel avait reçu la fameuse lettre de son fils. Il lui disait s'être marié depuis déjà quelques mois avec une jeune personne dont son père ignorait tout, et qui portait déjà son enfant. Les Fersen avaient eu beaucoup de mal à y croire. Lorsque l'on avait voulu qu'il se marie, il avait trouvé mille prétextes pour se dérober, et Sofia en connaissait les raisons, ayant toujours été tenue au courant de la liaison de son frère chéri avec Marie-Antoinette. Et il était parti aux Amériques. Voilà qu'à son retour il se mariait sans en parler à quiconque ! En d'autres occasions, Fredrik-Axel aurait dû être furieux, faire le reproche de sa conduite à son fils : il ne l'avait pas consulté, mais surtout il pouvait lui reprocher d'avoir choisi une épouse moins fortunée que les jeunes filles qu'il lui avait jadis proposé. Mais Fredrik-Axel ne fit pas de reproches à son fils. Il était heureux, en vérité, bien qu'emettant quelques réserves sur la vie "masculine" qu'avait longtemps mené la jeune femme. Il était heureux, en fin de compte, et fit bon accueil à Oscar. Tout le monde, en vérité, se montra fort obligeant à son égard.

Oscar appréciait l'amitié naissante qui la liait déjà à Sofia. Elle se sentait déjà pleine d'affection pour Fabian, si malicieux, sous ses beaux yeux moqueurs. La mère de Hans et Hedda lui parurent plus distantes. Celui dont elle avait eu peur était bien sûr Fredrik-Axel. Elle ne s'attendait pas à être si gentiement reçue. Il lui fit l'impression d'un général de Jarjayes suédois, sévère mais juste, et capable de se montrer gentil quand il le fallait. Mais voir cette famille si bien disposée (on l'avait assuré attendre avec impatience la naissance du prochain Fersen) la rendait affreusement mal à l'aise, davantage, presque, qu'en cas d'animosité. Consciente de l'instabilité de sa situation, sa peur que l'on découvre qu'elle était mariée à un autre en France s'accrut d'autant plus.
Cela lui faisait mal de mentir à cette famille qui l'avait accueillie alors que tant de choses jouaient contre elle, que de nombreuses raisons auraient pu les pousser à la rejeter.

Dans les jours suivants, Oscar s'efforça de ne plus y penser. Elle ne voulait pas que ce soit cette peur qui la trahisse. Après tout, elle était supposée passer le restant de sa vie en Suède, plus ou moins en contact avec le reste de la famille, suivant la saison. Elle y réussit pleinement tant elle apprécia l'amitié que lui portait Sofia. Elle lui fit oublier l'existence de Girodelle qui était capable de tout révéler s'il le souhaitait, bien que sa situation à lui soit fort embarrassante.
Oscar se crut pourtant perdue lorsque Fersen la présenta à la Cour. Si, sans l'avoir oublié, elle ne pensait plus au voyage incognito de Gustav III à Versailles, le Roi, lui s'en souvenait parfaitement. Ils s'étaient croisés dans la Galerie des Glaces. Oscar, à la tête de la Garde royale, lui avait même servi d'escorte. Sa Majesté avait eu un petit air surpris en la voyant. La Comtesse von Fersen lui rappelait fortement un colonel de la Garde qu'il avait remarqué pour sa prestance et la finesse de ses traits. C'était étrange... On eut dit la même personne... Et cette Comtesse portait un prénom masculin... Ce fut à son regard qu'Oscar se crut découverte. Heureusement, le Roi chassa rapidement cette idée saugrenue et n'y pensa plus. Il la convia à mille plaisirs, au Jeu de la Reine, à la comédie, à un bal, à un tourbillon de fêtes. Oscar n'en était guère ravie, mais elle savait que très rapidement sa grossesse la dispenserait de ces corvées.
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MessageSujet: Re: Comme une rose en imposture   Comme une rose en imposture EmptySam 3 Déc - 21:57

Chapitre III


De jours merveilleux s'offrirent à Oscar. Elle rayonnait de bonheur. Elle vivait enfin auprès de l'homme qu'elle aimait, le seul qui reçut son coeur. Elle sentait Hans amoureux. Pas une seule fois il n'avait évoquer Marie-Antoinette. Mais alors... Pourquoi lui arrivait-il parfois, aux heures les plus sombres de la nuit, d'entendre ces paroles de Girodelle : "Vous aviez auprès de vous un homme prêt à mourir par amour, prêt à tuer, prêt à se damner pour vous. Le Comte de Fersen en ferait-il
autant ? Croyez-moi, s'il met un jour sa vie aux pieds d'une femme, cette femme sera notre Reine.". La suite lui faisait bien plus mal : "Il vous a promis monts et merveilles ? Posez-vous toujours cette question, Madame : vous aurait-il promis le mariage si son honneur ne l'exigeait pas ?"

Ces mots hantaient Oscar. Elle en voulait à Girodelle et le haïssait même. Non content d'avoir voulu assassiner Fersen, il se plaisait à lui rappeler que lui l'aimait mais que Fersen faisait semblant. Ces mots... Il les avait prononcé à la manière d'une prophétie. Un avertissement ? Même au loin, Girodelle la tourmentait. "Vous aurait-il promis le mariage si son honneur ne l'exigeait pas ?"... N'avait-il agit que par devoir ? Non. Hans l'aimait. A force de se le répéter, Oscar en était certaine. D'ailleurs, tout dans l'attitude de Fersen révélait son amour. Sofia le lui disait sans cesse, lui assurant de la chance qu'elle avait d'avoir fait un mariage d'amour. Mais il y avait là une chose extraordinaire : Sofia elle-même ignorait la vérité sur Oscar. Elle ignorait tout de Girodelle. Hans lui rapportait le moindre mot de la Reine, mais il lui faisait croire qu'Oscar était son épouse.

Oscar pensait souvent à André. Elle espérait de tout son coeur qu'il ait trouvé le bonheur auprès de Rosalie. Ils le méritaient tous deux. Elle les aimait tant... Son frère, son compagnon... Sa petite soeur de coeur... Oscar avait à ce sujet un comportement digne de Marie-Antoinette : elle était heureuse, donc les autres l'étaient. Si on le lui avait fait remarqué, elle ne l'aurait pas cru, elle ne se serait pas cru capable d'une réaction si semblable, elle qui avait toujours été réaliste et perspicace. Pourtant, elle pensait comme la Reine : puisqu'elle aimait Hans, André aimait Rosalie.

Des jours merveilleux s'offrirent à Oscar... Des jours merveilleux, mais ils ne furent pas toujours paisibles comme elle l'aurait souhaité. En effet, Sa Majesté réclamait sa présence à la Cour. De son côté, la Reine Sofia-Magdalena souhaitait vivement, disait-on, qu'elle fasse partie de ses Dames d'Honneur. Oscar aurait aimé en rire : elle ne se voyait pas du tout dans ce rôle. Si elle avait été élevée pour protéger une Reine, ce n'était pas pour veiller sur une autre de cette façon. En vérité, elle devait apprendre qu'il s'agissait plutôt d'une manoeuvre de Sofia, elle-même Dame d'Honneur, désireuse de garder sa chère amie Oscar auprès d'elle lorsqu'elle était au service de la Reine. Fersen approuva naturellement l'initiative de sa petite soeur, mais il considéra que cela pouvait attendre la naissance. Les Fersen n'avaient jamais hésité à dire le fonds de leur pensée à la famille royale. La Reine s'en accomoda. En attendant, Oscar était conviée à des fêtes somptueuses dans les jardins de Drottningholm. Les plaisirs de Sa Majesté étaient erreintant car il n'était jamais fatigué et savait se montrer gentiement tyranique quand il s'agissait de théâtre. Oscar dut jouer la comédie, se rendre à des bals. Au Jeu de la Reine, elle jouait au loto. Pas de pharaon comme en France, pas de jeux de hasard interdits. Elle se souvenait de la scène qui avait éclaté lorsque, colonel des Gardes, elle avait, en présence de la Polignac, supplié Marie-Antoinette de ne plus jouer. Elle sourit en pensant à la favorite. On faisait bien cas de son prénom Oscar. La Polignac ne se nommait-elle pas
Jules ?

Aux bals de la Cour, Oscar eut rapidement des admirateurs. S'ils avaient su qu'elle n'était pleinement femme que depuis fort peu de temps ! Elle était merveilleuse et admirée de tous tandis qu'elle dansait dans les bras de Hans. Elle se rendait compte qu'elle prenait plaisir à ces activités féminines. Elle dansait pourtant fort peu, ne devant pas oublier qu'elle était enceinte.

Un jour, Oscar se crut perdue, crut que sa véritable situation matrimoniale était découverte. Certes, Gustav III avait eu un doute en la voyant, mais il n'avait jamais évoqué son séjour à Versailles en sa présence, et il n'avait fait aucun commentaire, bien qu'il sache que la Comtesse avait eu une vie bien peu conforme à sa nature et qu'il ait trouvé cela "romanesque". Fredrik-Axel avait ordonné à son fils de cacher le passé de soldat de son épouse. Qu'il se contente d'une enfance de garçon manqué. Mais il en fut tout autre lorsque le nouvel ambassadeur de France fut présenté à la Cour. En l'apercevant dans la salle du trône, Oscar avait violemment pâli. Fersen s'en rendit compte et lui en demanda la raison. Elle l'assura que ce n'était rien, qu'elle avait senti le bébé bouger. La vérité était tout autre. Cet homme était un ami de Girodelle. Il avait été présent à leur mariage. Il pouvait aussitôt la reconnaître et détruire sa vie. Elle devait l'éviter à tout prix. Il ne fallait pas qu'elle lui soit présentée. Oscar dut faire des efforts considérables pour rester calme. Elle vit alors le Roi s'approcher d'elle, accompagné de cet homme. Seigneur ! Le Roi allait lui-même le lui présenter ! Elle l'entendit prononcer ces mots "La Comtesse Oscar von Fersen est française, son amitié nous est très chère." Oscar n'osait pas regarder le Roi et encore moins l'ambassadeur. Levant pourtant ses yeux un court instant pour le saluer à son tour, elle lut une étrange expression de surprise. Elle lutta pour garder bonne contenance. Il semblait l'avoir reconnue...
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MessageSujet: Re: Comme une rose en imposture   Comme une rose en imposture EmptyMar 6 Déc - 20:19

Chapitre IV


Oscar savait qu'elle aurait dû feindre un malaise et se retirer. Sa grossesse n'était-elle pas l'excuse idéale, la plus belle qui soit ? Personne ne s'étonnerait, personne ne poserait de questions... Et cependant elle resta à la Cour, ce jour-là. Peut-être par le désir inconscient de savoir. Savoir ce que devenait Girodelle. Pourtant, elle ne pouvait demander de ses nouvelles à l'ambassadeur alors même qu'elle ne voulait pas être reconnue. Mais il lui avait adressé un petit sourire énigmatique lorsqu'il l'avait saluée. Comme si la retrouver eut été l'objectif de sa présence à Stockholm. Il savait. Il savait qui elle était. Il n'avait qu'un mot à dire et il détruirait sa vie...
- Seigneur, comment vais-je m'en sortir ?!?

Le soir de la présentation, Sa Majesté donnait un bal. Oscar y assista, attirée malgré elle par cet homme dont la présence seule était une menace. Par goût du danger ? Non.
Elle dansa avec Hans. Très peu. Lui-même insistait pour qu'elle se ménage. Elle se retira donc dans les jardins à la française du Palais, disposés en terrasse et surplombant la Baltique. Elle s'assit. Elle vit un peu plus loin Fabian conter fleurette à une femme qu'elle savait mariée. Elle entendait, plus près, Hedda et Sofia chantant avec la belle-soeur du Roi le final de l"Orphée et Eurydice" de Glück. Oscar sourit. Comme la nuit était belle... Aurait-elle un jour le sentiment incontestable de faire réellement partie de cette famille ? Bien sûr, elle ne pouvait souhaiter la mort de Girodelle, mais si cela arrivait, Hans accepterait-il de régulariser leur situation ? Il faudrait alors faire preuve de discrétion... Car Hans ne dirait jamais à sa famille qu'il leur avait menti. Un mariage secret... A l'étranger, certainement... Mais il faudrait encore falsifier les documents du mariage, la date devait correspondre au conte qu'ils avaient composé pour les Fersen... Mais il n'était pas temps d'y songer...
- Si seulement cet ambassadeur n'était pas là, soupira-t-elle.
Mais il se tenait juste devant elle.

- Madame la Comtesse de Fersen, n'est-ce pas ? Nous avons été présenté.
Oscar se leva et lui tendit un peu sèchement sa main à baiser.
- Certainement, Monsieur l'Ambassadeur.
Malgré les battements quelque peu désordonnés de son coeur, sa voix ne tremblait pas.
- Je suis bien heureux de trouver dans ce pays-ci une compatriote, et des plus charmantes, Madame. Voulez-vous faire quelques pas en ma compagnie ?
Oscar, ne voulant pas attirer l'attention sur eux, fut contrainte de le suivre.
Elle remarqua qu'il n'y avait presque plus personne dans les jardins. L'orchestre annonçait un menuet, beaucoup de courtisans étaient alors rentrés. elle venait d'apercevoir Fabian qui entraînait sa toute nouvelle conquête, gloussant de contentement, vers un coin retiré. La belle-soeur du Roi et les deux soeurs de Hans avaient fini leur chanson. Elles riaient et se poussaient vers les salons comme des écolières. Néanmoins, Sofia s'était retournée et avait aperçu Oscar.

L'ambassadeur eut à nouveau un sourire énigmatique.
- Oscar von Fersen...
Il chuchotait. Elle était très nerveuse.
- Oscar von Fersen, répéta-t-il, du ton que l'on emploie lorsque l'on tente de se remémorer un lointain souvenir.
- Une jeune femme baptisée Oscar, voilà qui ne s'oublie pas... En particulier lorsque cette jeune femme est si belle, qu'elle porte une magnifique chevelure dorée à faire pâlir l'astre du jour lui-même...
- Monsieur l'Ambassadeur, je ne vous comprends pas !
- Allons... N'êtes-vous pas née Oscar de Jarjayes ? N'avez-vous jamais été colonel de la Garde royale de France ? Je ne crois pas que vous soyez Comtesse de Fersen. Je crois ce titre usurpé.
Oscar était devenue pâle comme la mort. Elle aurait voulu hurler, le frapper, peut-être. Elle ne pouvait plus feindre, il savait. Avec cruauté, il continua.
- Votre cher époux, le Comte de Girodelle, mon grand ami... Ne faites pas cette tête, ma chère, auriez-vous oublié que je fus témoin à votre mariage ? Le Comte de Girodelle, disais-je, se porte à merveille. Il a inventé quelque conte, fort habile, je dois le reconnaître, à votre père et à la Cour. Ils ont tout accepté comme vérité, bien qu'ils vous en veulent beaucoup de vous être sauvée. Habile homme ! Puis il s'est très vite consolé et vous a remplacée en quelques jours par une fille d'opéra.
Pour Oscar, être remplacée par une fille d'opéra n'avait que peu d'importance. Mais l'ambassadeur lui faisait peur. Ces paroles prennaient des allures d'avertissement. Il la salua et se retira, mais elle était certaine qu'à leur prochaine rencontre il lui imposerait un chantage contre son silence. Lorsqu'elle gagna à son tour la salle de bal, Oscar était plus pâle que jamais...

Hans la pressait de questions depuis leur retour du Palais. Sofia lui avait dit qu'Oscar avait eu une conversation avec l'ambassadeur qu'elle semblait chercher à éviter. Hans avait d'abord cru qu'ils parlaient de leur pays, mais il avait vu le visage livide d'Oscar. A présent, il voulait savoir ce qu'il en était.
Elle finit par se confier... Elle avait très peur de cet homme. Peur du mal qu'il pouvait leur faire. Fou de rage, Hans ne vit qu'un moyen pour l'empêcher de nuire : le provoquer en duel. On renverrait l'ambassadeur. Après avoir tendrement embrassé Oscar et caressé son ventre, il se retira immédiatement dans ses appartements. Il s'assit à son secrétaire et se mit à faire des écritures. Il traça, d'une plume rageuse, une lettre de défi. Le motif ? L'ambassadeur avait manqué de respect à la Comtesse son épouse. Sa soeur en avait été témoin. Puis Hans tira sur un cordon pour faire monter un valet. Il lui ordonna de faire porter immédiatement ce billet.

Le surlendemain, les deux hommes se rencontraient à quelques lieues de Stockholm. L'ambassadeur avec l'un de ses amis comme témoin, Hans avec son frère Fabian. C'était un duel à l'épée. A cette heure matinale, les coups de feu des pistolets auraient effrayé les oiseaux, avait assuré Fabian, le jeune frère malicieux. Oscar avait insisté pour venir. N'avait-elle pas l'habitude des duels ? En un autre temps, elle aurait elle-même servi de témoin au Comte.
Les lames s'entrechoquaient violemment. L'ambassadeur, sortit en cachette de l'ambassade, avait gardé son petit sourire ironique. Pourtant, Hans avait le dessus. Enfin, Hans le désarma et vint placer son épée sous sa gorge. Il appuya légerement la lame jusqu'à ce qu'une goutte de sang se forme. Il attendit un bon moment. L'ambassadeur ne riait plus. Puis Hans s'éloigna.
- Je vous laisse la vie sauve, Monsieur. Mais que jamais plus je ne vous retrouve sur mon chemin ou sur celui de mon ÉPOUSE.
Il avait fortement appuyé sur ce dernier mot.
- Vous êtes finalement trop pleutre pour être une menace sérieuse. Je doute vous revoir un jour, car je crains que vous ne soyez rapidement rappelé. Allez, Monsieur, partez et que je ne vous vois plus jamais. Si le Comte de Girodelle vous a envoyé...
- Le Comte de Girodelle ne m'a pas envoyé.
- Peu importe...

A peine était-il de retour que l'on fit savoir à l'ambassadeur que Sa Majesté le Roi le demandait de toute urgence.
Gustav III le reçut en robe de chambre, furieux d'avoir été sorti du lit aussi tôt. On était venu lui annoncer cette chose extraordinaire : l'ambassadeur de France se battait en duel avec le Comte von Fersen. On omit cependant de préciser qui était l'auteur de la lettre de défi, sur ordre de Sofia. Le Roi accabla l'ambassadeur de remarques désobligeantes, se disant scandalisé et extrêmement déçu qu'il se fut pris de querelle avec un ami qui lui était si cher.
- Sachez que je ne veux pas savoir quel différend vous a opposé au Comte, mais vous êtes désormais et à compter de cet instant persona non grata. Je vais immédiatement demander votre rappel en France et exiger un nouvel ambassadeur.

L'ambassadeur quitta la Suède moins d'une semaine après son arrivée. Son remplaçant, un homme fort discret, n'inquiéta pas Oscar...
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MessageSujet: Re: Comme une rose en imposture   Comme une rose en imposture EmptyMer 7 Déc - 20:07

Chapitre V


Quelques mois passèrent, paisibles et agréables. Au lendemain de l'arrivée du nouvel ambassadeur, Hans et Oscar s'étaient retirés à Steninge Slott. Ils désiraient, d'une part, se faire oublier un peu. Personne n'ignorait les raisons du départ précipité de Son Exellence. Bien sûr, personne n'en parlait ouvertement à la Cour car cette histoire agaçait Sa Majesté, mais tout bas les courtisans n'avaient d'ouïe que pour cela. Hans jugeait préférable de se retirer un moment à la campagne. Ils ne devaient pas attirer l'attention s'ils voulaient éviter qu'Oscar soit de nouveau reconnue. D'autre part, le calme et la tranquilité de Steninge Slott faisaient beaucoup de bien à Oscar. Loin de la Cour et de ses pièges, loin de quiconque pouvant la démasquer, la jeune femme pouvait enfin se préparer sereinement à sa maternité. Elle n'avait pas vraiment eu le temps d'y songer jusqu'à présent. Girodelle, tous ces mensonges, ... Pourtant, elle serait bientôt maman.

Ce fut pour le jeune "couple" les plus merveilleux instants de bonheurs de leur vie. Oscar donnait entièrement son amour à Hans, tout en le partageant avec l'enfant à naître. Les Fersen les visitaient parfois, mais la plupart du temps ils demeuraient en un délicieux tête-à-tête. C'était un soulagement pour Oscar. Avec Hans elle n'avait pas besoin de jouer un rôle, puisqu'il savait quelle était leur situation véritable. Cependant, jamais ils ne parlaient du passé. Les moments heureux, pensait Hans, lui ferait penser à André. les moments heureux, pensait Oscar, lui ferait penser à la Reine. Les moments malheureux, songeait le Comte, lui ferait penser à Girodelle. Les moment malheureux, songeait la jeune femme, lui ferait également penser à la Reine. N'était-ce pas à cause d'elle qu'il s'était embarqué pour les Amériques, forcé à fuir tant son coeur lui faisait mal ? Non, il fallait faire fi du passé.

Ils formaient un couple radieux dont l'amour émerveillait les domestiques. Mais parfois Hans devait s'absenter. Le Roi lui faisait dire qu'il s'ennuyait. Hans devait alors, pour lui faire plaisir, passer quelques jours à la Cour. Il laissait Oscar à Steninge Slott ; elle ne pouvait pas voyager. Il revenait dès que possible, mais très rapidement le Roi s'ennuyait à nouveau. Cela exaspérait Hans, qui ne manqua pas de le dire à Sa Majesté. Il ne s'était jamais gêné pour vénérer le Roi quand il le fallait et lui dire le fond de sa pensée lorsqu'il le trouvait agaçant. Il lui fit remarquer qu'il s'était fort bien passé de lui lorsqu'il était en France, et à plus forte raison aux Amériques.
- La Comtesse a bien de la chance, avait répondu le Roi, vous ne la laisseriez pas pour les Amériques, n'est-ce pas ? Eh bien courez donc la rejoindre, mais je veux vous voir à la Cour lorsque l'enfant sera né. Nous allons monter de nouvelles comédies et je veux que vous y participiez... vous, au moins.
Hans soupirait. Heureusement, Oscar n'était pas seule. Sofia venait de s'installer auprès d'elle. Il avait une confiance totale en elle, et Oscar également. Avec Sofia, elle se sentait tout à fait à l'aise, comme avec Hans.

Pendant tous ces mois, un homme soupirait aussi. Pas de devoir courir sans arrêt entre son épouse et son Roi. Il soupirait car il était malheureux. André Grandier s'interrogeait sur son mariage, décidé à la hâte. Il vivait près d'Arras avec Rosalie. Ooh, il n'avait rien à lui reprocher. Rosalie était charmante, gentille, douce. Une bonne épouse. Elle l'aimait. Elle avait fait un mariage d'amour. Au début, comme elle avait consenti imméditament à l'épouser dès qu'il avait fait sa demande, elle avait cru faire une sottise. Rosalie avait été très amoureuse du Comte de Girodelle et le découvrir si cruel l'avait bouleversée. Elle le détestait. Mais, petit à petit, elle avait compris qu'elle avait bien fait d'épouser André. Il était l'homme qu'il lui fallait. Elle n'avait rien à lui reprocher... peut-être parfois un air pensif un peu triste comme s'il ne pensait qu'à Oscar du fond de son coeur... Tout en s'efforçant d'être un bon mari, André conservait intact le souvenir d'Oscar comme si elle n'était partie que depuis une heure seulement. Il l'aimait plus que jamais. Il rêvait d'avoir de ses nouvelles en la voyant. Car les lettres qu'elle lui avait écrites, si elles le rassuraient sur son sort puisqu'elle se disait très heureuse, lui brisait le coeur un peu plus. "Je devrais me rejouir de ton bonheur, Oscar, pourtant je n'y parviens pas. Suis-je devenu si égoïste que je ne puisse me consacrer totalement à ma femme ? Que je ne puisse être au comble de la joie lorsque tu m'écris que ta vie est merveilleuse ?"

-Nous reverrons-nous jamais, Monsieur ?
- Nous nous reverrons, Votre Majesté, j'en fais le serment.
Hans se souvenait parfaitement de cette promesse faite à Marie-Antoinette à la veille de son départ pour la Suède, lorsqu'il lui avait annoncé que son père l'obligeait à se marier. Il n'avait pas mentionné Oscar de Girodelle, bien entendu...
Oscar avait accouché d'un petit Axel. Tout à sa joie, Hans sentit en même temps son monde basculer. On venait de lui apporter plusieurs lettres de la Reine de France...
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MessageSujet: Re: Comme une rose en imposture   Comme une rose en imposture EmptyVen 9 Déc - 1:58

Chapitre VI


- Nous reverrons-nous jamais, Monsieur ?
- Nous nous reverrons, Votre Majesté, j'en fais le serment.

Les dernières paroles qu'il avait échangé avec Marie-Antoinette le hantaient. Au moment où il connaissait la plus grande joie de sa vie avec la naissance de son fils. Il aimait sincérement Oscar... Mais il aimait tout aussi sincérement la Reine... C'était là tout son malheur. Hans ne répondit pas à ces lettres. Il ne les brûla cependant pas. Brûler les lettres de la Reine aurait été commettre un sacrilège odieux, aussi les serra-t-il dans son secrétaire, dans un compartiment où se trouvaient tous les billets doux qu'il avait reçu d'elle, tous ses souvenirs d'elle. Il devait s'efforcer de n'y point toucher ou il courrait la rejoindre et retomberait dans ses bras. Il devait y renoncer. Il le devait pour Oscar...

Le Roi se faisait très insistant. Maintenant que le petit Axel était né, la Comtesse n'avait plus de raison de se terrer à la campagne, avait-il dit. Il voulait voir les Fersen au complet à Drottningholm. Ils rentrèrent donc. Le tourbillon de fêtes repris. Oscar ne parvenait pas vraiment à s'amuser en faisant des farandoles sur des tapis de roses, ou en prenant place sur une escarpolette. En revanche, elle fit beaucoup d'efforts pour jouer la comédie. Cela faisait plaisir à Sa Majesté, mais il n'en était que plus exigeant. Elle ne pouvait pas avoir Hans pour elle toute seule, elle ne pouvait plus se consacrer tout entière à son bébé ; l'ennui la gagnait, bien que paradoxalement elle soit au contraire sollicitée de tous côtés, se voyant contrainte, cette fois, de céder au désir de la Reine Sofia-Magdalena de la voir sa Dame d'Honneur auprès de la soeur de Hans. Seule l'amitié de Sofia la distrayait vraiment, mais de plus en plus elle pensait à André et à Rosalie...

Les lettres se firent plus nombreuses. Hans se sentait fléchir. Marie-Antoinette se faisait plus pressante à chacune d'elle. Elle savait lui faire sentir combien elle était seule dans cette Cour qu'elle détestait et au milieu de ces courtisans qui le lui rendaient bien. Qu'il était son seul ami. Qu'elle avait besoin de lui. Hans souffrait d'être ainsi tiraillé entre ces deux femmes, entre une fausse épouse qu'il aimait et une Reine qu'il n'aurait jamais dû approcher. Il finit par écrire à Marie-Antoinette. Une lettre moins passionnée que les siennes, plus simple. Mais l'amour faisait faire à la Reine de grandes envolées lyriques et il céda. Il écrivit quelques temps... Il promit de venir la voir...

Un prétexte pour partir en France... Il était toujours colonel du Royal-Suédois puisque ce régiment lui appartenait... Il serait peut-être temps d'inspecter ces troupes, après une si longue absence ? Oscar... Il ne pouvait l'emmener, bien sûr, mais comment le lui dire ? Il était normal qu'elle souhaite retrouver son pays et sa famille... Pourtant, il y avait Girodelle... Oui, elle ne pouvait retourner en France... De plus, ils ignoraient quel conte à dormir debout Girodelle avait inventé pour expliquer à la Cour et au général de Jarjayes le départ précipité d'Oscar. Une chose était sûre : Girodelle n'avait certainement pas dû dire qu'elle était partie avec le Comte de Fersen. Sans doute avait-il prétendu qu'Oscar ne l'aimait pas et qu'elle était allée auprès de sa soeur qui vivait en Angleterre. Il avait sans doute obtenu sa complicité. Le général ne s'était jamais rendu là-bas, c'était une bonne idée.

Mais lui aussi verrait Girodelle à Versailles... Et Girodelle savait qu'il vivait maritalement avec Oscar pour l'avoir suggéré lui-même. Lui reprocherait-il son retour à la Cour de France ? Comprendrait-il qu'Oscar ne pouvait y paraître ? Il devait bien savoir que le général de Jarjayes n'avait pas dû pardonner à sa fille de s'être enfuie en Angleterre pendant son absence et celle de son mari. Mais qu'importe : Hans allait voir la Reine et non Girodelle. Si celui-ci lui posait des questions, il lui répondrait, voilà tout.

Le plus difficile fut de quitter Oscar. Elle ne voyait pas d'un bon oeil ce brusque départ pour la France. Elle ignorait tout des lettres, mais elle avait quelques soupçons. Le Royal-Suédois était à Valenciennes, mais elle savait qu'on le verrait à Versailles. Elle n'avait pourtant pas le choix, et ce fut le coeur lourd qu'elle le regarda s'embarquer.

- Monsieur de Fersen, c'est vous...
Marie-Antoinette attendait ce moment depuis si longtemps...
- Enfin vous voilà de retour parmi nous, Monsieur, vous devriez avoir honte de nous avoir ainsi abandonnée...

Semaines idyliques... Jeux et plaisirs de Trianon... "Ô ma Reine..." soupirait Hans. Mais sa conscience lui faisait voir Oscar. Comment avait-il pu donner son coeur à deux femmes ? Pourquoi pensait-il à la Reine lorsqu'il était avec Oscar, et à Oscar lorsqu'il était avec la
Reine ? "Dieu, que l'amour est cruel !" La Reine ne se posait pas tant de questions, elle jouissait pleinement de sa présence. C'était à peine si elle lui avait demandé si son mariage avait été arrangé. Il dit que oui, qu'il s'était marié avec une amie de sa chère soeur et qu'elle venait déjà d'avoir un enfant. Il fut bien aise que la Reine ne demande pas à la rencontrer un jour. "Il faudra que vous nous la présentiez", c'était les mots qu'il redoutait par-dessus mais, fort heureusement, la Reine n'aborda plus le sujet tant l'image de Hans dans les bras d'une épouse lui faisait mal.

Hans avait vu Girodelle. Comment ne pas le voir, il était colonel de la Garde royale ! Ils se saluèrent rapidement mais n'échangèrent pas un mot : la dernière fois, l'un contemplait le corps lardé de coups de couteau de l'autre ! Girodelle n'avait guère été surpris de le voir. Cela confirmait ses craintes. Certes, il avait eu un moment de folie lorsqu'il avait voulu le tuer, mais il n'en était pas moins resté lucide en ce qui concernait ses sentiments envers Oscar. Ne lui avait-il pas dit qu'il la laissait partir par amour ? Que son bonheur lui était plus cher que tout et qu'il ne la méritait plus ? Il ne dit rien à Hans. Il ne lui demanda pas de nouvelles d'Oscar. Il était triste et malheureux. Il avait été effrayé lorsque l'un de ses amis avait été choisi comme ambassadeur en Suède. C'était le hasard qui avait envoyé cet homme-là dans le pays où vivait la jeune femme. Fort heureusement son retour avait été prompt et, humilié, il avait pris le parti de ne plus jamais entendre parler d'elle, aussi Girodelle était-il assuré qu'il ne révèle à personne l'endroit réel où elle se trouvait. Il lui avait alors dit qu'il avait vu Oscar et qu'elle se portait à merveille, qu'elle était heureuse avec celui qui la présentait partout comme son épouse. Mais Hans était retourné à Versailles...
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MessageSujet: Re: Comme une rose en imposture   Comme une rose en imposture EmptyVen 9 Déc - 22:22

Chapitre VII


Avec l'habitude, les remords s'estompèrent. Quelques années passèrent. Hans avait repris la vie qu'il avait mené avant son départ pour les Amériques : des allers-retours constants entre la France et la Suède, un homme qui était étranger où qu'il se trouva. En France, il était "le beau suédois". En Suède, on le trouvait trop français. A vrai dire, Hans était un cosmopolite, comme la majorité de la noblesse, mais lui l'était plus que quiconque car il avait donné son coeur à la Reine de France. Il n'en aimait pas moins Oscar. Aussi passait-il six mois de l'année en Suède, et les six mois restant en France, "auprès du régiment Royal-Suédois". Gustav III en était mécontent, lui qui cherchait n'importe quel moyen pour le retenir auprès de lui. Il lui fit rappeler qu'il avait en Suède des charges et obligations, notamment un régiment de Dragons-Légers, mais Hans répliquait qu'il tenait au Royal-Suédois, et qu'il lui avait d'ailleurs coûté fort cher, et qu'enfin le Roi lui-même était intervenu en sa faveur pour qu'il l'obtienne, il ne serait donc pas judicieux de s'en défaire. Sa Majesté dût en convenir. Ces démêlés faisaient rire Hans. Il se souvenait d'incidents plaisants. Avant son départ aux Amériques, il passait, donc, six mois d'un côté et six mois de l'autre... ou plutôt il aurait dû, mais il se montrait toujours réticent à rentrer et il craignait toujours que le Roi ou son père le rappelle en Suède, s'il le fallait en lui coupant les vivres. Un jour, il avait trouver un prétexte pour rester un peu plus en France : il avait écrit à Sa Majesté pour lui expliquer qu'il avait des hémorroïdes.

Hans s'apprêtait à regagner la Suède. Oscar lui manquait beaucoup, et leur petit garçon également. Bien sûr, elle se doutait de ce qu'il faisait en France, mais elle ne lui avait jamais adressé de reproches. Il ne l'en aimait que davantage, il repoussait ses derniers remords en se disant qu'Oscar était capable de comprendre, tout comme sa soeur, combien Marie-Antoinette était un amour sublimé qui ne pouvait trouver son équivalent. Il l'aimait et la vénérait comme une déesse, Oscar comme une femme. Alors qu'il faisait route vers Calais, on lui fit savoir que Gustav III l'attendait de l'autre côté du Rhin, vers Baden. Il s'était cassé le bras en tombant de cheval et avait décidé de faire le tour des stations thermales "pour y prendre les eaux". Naturellement, puisque le Comte von Fersen avait fini ses "affaires" en France, qu'il l'accompagne. Poussant un long soupir d'exaspération, Hans écrivit à Oscar pour lui faire part de la situation, qu'il ne pouvait pas rentrer. Et connaissant le Roi lorsqu'il était en voyage, il se doutait qu'il ne pourrait pas rentrer avant un bon moment. Et il avait raison ! Il fallut suivre Sa Majesté jusqu'en Italie, puis jusqu'à Versailles, d'où il venait ! Pendant ce temps Oscar était triste mais s'efforçait de cacher sa peine à Sofia. Elle se sentait délaissée quoiqu'elle ne douta pas de l'amour de Hans à son égard. Lorsqu'il était près d'elle, il était adorable...

"Vous aviez auprès de vous un homme prêt à mourir par amour, prêt à tuer, prêt à se damner pour vous. Le Comte de Fersen en ferait-il autant ? Croyez-moi, s'il met un jour sa vie aux pieds d'une femme, cette femme sera notre Reine."

Hans était de retour depuis fort longtemps, mais elle était à nouveau obnubilée par les paroles de Girodelle. Hans revoyait la Reine depuis plusieurs années... Depuis son premier retour en France depuis qu'ils vivaient ensemble, sans doute... Il avait couru la rejoindre... Il avait dû s'efforcer de l'oublier mais il n'y était pas parvenu, il n'avait pu s'y résoudre.

"Il vous a promis monts et merveilles ? Posez-vous toujours cette question, Madame : vous aurait-il promis le mariage si son honneur ne l'exigeait pas ?"

Hans l'aimait !! Certes, il n'avait pas prévu toutes ces choses qui étaient arrivées dans leur vie. Ils avaient eu une liaison et Hans ne pouvait deviner que Girodelle lui laisserait Oscar comme s'il était mort. Il n'était pas mort, Hans ne pouvait pas l'épouser, mais ils vivaient comme mari et femme. Oscar avait pitié de Hans. Cette situation devait être bien dure pour lui aussi, obligé de mentir à sa famille, y compris à Sofia... Attaché à elle alors qu'aucun lien ne les unissait... Se savoir libre mais faisant comme s'il ne l'était pas... Elle l'empêchait de prendre une véritable épouse puisqu'il se disait marié. Aussi ne pouvait-elle pas lui reprocher son infidélité. Elle savait qu'il l'aimait aussi, c'était sa consolation...

"Croyez-moi, s'il met un jour sa vie aux pieds d'une femme, cette femme sera notre Reine."

La situation en France devenait chaque jour plus préoccupante depuis que le Roi avait réuni les États généraux. Les événements s'enchaînaient rapidement. Hans ne tarderait pas à repartir là-bas pour venir en aide à sa déesse...

Près d'Arras, André se morfondait. Oscar, son Oscar... Il donnerait tout pour la revoir... Il partirait en Suède, il le fallait. Il souffrait trop de ne pouvoir contempler son soleil. Toutes ces années, il n'avait vécu que pour économiser ce qu'il pouvait pour pouvoir un jour partir en Suède tout en laissant un peu à Rosalie. Grand-mère lui avait donné ce qu'elle possédait, il allait pouvoir partir à la rencontre de sa chère Oscar. Il partait sans crainte de blesser Rosalie. Celle-ci, se sentant délaissée, avait depuis longtemps renoncé à son amour pour André. Lorsque les événements se bousculèrent, durant l'été 1789, elle s'était mise à fréquenter des révolutionaires de la région qui lui avaient proposée de les suivre à Paris, ce qu'elle fit avec joie. Cela faisait déjà quelques temps qu'elle s'emportait contre Oscar qui accaparait, même absente, les pensées de son mari. Elle en était venu à détester les nobles.

André, obsédé par Oscar, ne faisait guère attention aux nouvelles de Paris. Il s'embarqua pour la Suède à la fin du mois d'Octobre 1789, alors que la famille royale avait été emmenée aux Tuileries, et alors qu'Oscar s'embarquait pour la France...
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MessageSujet: Re: Comme une rose en imposture   Comme une rose en imposture EmptySam 10 Déc - 21:54

Chapitre VIII


Le style était bien solennel, bien cérémonieux, et pourtant Oscar en connaissait les raisons. Hans se montrait prudent au cas où cette lettre tomberait en d'autres mains que celles de la jeune femme. Les nouvelles étaient bien cruelles...

Lorsque Hans avait appris à quel point Marie-Antoinette était menacée de tout côté
depuis la prise de la Bastille, il n'avait pas hésité. Il s'était rendu à Versailles et avait mis sa vie à ses pieds. C'était les premiers jours d'Octobre 1789. Derniers instants de bonheur partagés à Trianon... Très bientôt, aucun des deux ne reveraient de leur vie ces lieux enchanteurs qui avaient vu naître un amour incomparable. Dans sa lettre, Hans épargnait ces détails à Oscar, mais il lui exprimait sa tristesse et ses regrets de quitter ce doux séjour.
Girodelle et lui s'étaient ignorés, comme ils le faisaient d'habitude. La tension palpable qui avait habité le château de Versailles ne les avait pas rapproché.

En des termes qui laissaient percevoir sa douleur, Hans faisait à Oscar le récit de la terrible nuit du 5 au 6 Octobre qui avaient vu l'invasion du château. Nuit d'angoisse, nuit d'horreur... "... Je suis dans le regret de vous informer, ma chère amie, que notre ami le Comte de Girodelle a perdu la vie cette nuit-là."

Girodelle était mort... Les furies qui avaient envahi Versailles avaient massacré, piétiné les gardes royaux qui assuraient la protection des appartements de la Reine. Ils avaient assumé leur rôle, leur devoir, jusqu'au bout, sans faillir. Ils avaient donné leur vie pour elle. Girodelle les commandait. Il avait péri le premier. Oscar pleurait. Pleurait ce gâchis. Elle voyait le corps sanglant de Girodelle, sa tête dansait devant ses yeux au bout d'une pique. Hans, bien trop bouleversé lorsqu'il avait écrit la lettre, avait couché les mots sur le papier sans prendre garde à ce qu'il écrivait. Il voulait se débarrasser du sentiment d'horreur et de révulsion qui ne l'avait pas quitté durant tout ces jours comme il confiait les événements au secret de son Dagbok. Inconsciemment, il avait donné à Oscar tous ces détails affreux. Il ne l'avait pas voulu, mais il avait tracé ces mots. Il avait vu la tête de Girodelle au bout d'une pique. On l'avait promené ainsi dans les Grands Appartements, puis durant tout le trajet de Versailles à Paris ces enragés l'avaient agitée sous le nez de la famille royale. Tel aurait été le sort d'Oscar si un jour le Roi n'avait pas décidé de faire d'elle sa maîtresse...

Elle pleurait Girodelle. Malgré le mal qu'il avait fait, il ne méritait pas une telle fin. Et plus que l'homme auquel on l'avait mariée, elle préférait se souvenir de l'ami qu'il avait été lorsqu'ils étaient tous deux officiers. Girodelle, André et elle, inséparables. "André... Et toi, que deviens-tu en ces jours sombres ?"
Hans lui avait écrit que le château Jarjayes avait échappé de justesse au pillage et aux flammes. Ses parents, accompagnés de Grand-mère, avaient suivi la famille royale aux Tuileries. Avec Hans, ils restaient leur seul appui.

Oscar n'avait plus qu'une idée en tête depuis qu'elle avait reçu cette lettre, partir pour la France pour se rendre sur la tombe de Girodelle, si toutefois on avait consenti à lui donner une sépulture décente. Elle n'était plus sûre de rien. Elle rejoindrait ensuite Hans et tâcherait de se rendre utile à Leurs Majestés, indirectement toutefois, sa réapparition nécessiterait trop de questions. Son père ne devait surtout pas la voir. Mais elle voulait se rendre utile, prendre part au combat de Hans. Elle devait l'aider dans l'ombre.

A la fin du mois, Oscar, habillée en homme, confia Axel à Sofia et s'embarqua pour la France. Sa belle-soeur lui avait en vain demandée de rester. Elle avait écrit à son frère pour le prévenir. Elle craignait que tout cela ne finisse très mal...

Le même jour, André arrivait à Calais où il s'embarquait pour la Suède...
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MessageSujet: Re: Comme une rose en imposture   Comme une rose en imposture EmptyVen 23 Déc - 23:01

Chapitre IX


Il pleurait sur tous ceux qui avaient péris... Le malheur l'avait durement frappé en l'espace de cinq ans. Ils étaient morts tous les sept...

Oscar arriva en France au début de l'année 1790. Sous un calme apparent, la France était déjà en pleine tourmente. Certes, les terribles évenements de l'été et de l'automne 1789 ne s'étaient pas reproduits, mais d'autres se préparaient, plus terribles encore. Hans se donnait toutes les peines du monde pour la convaincre de rentrer en Suède tant qu'elle le pouvait. Elle avait un fils, maintenant ! Elle ne pouvait plus se permettre d'agir comme elle le faisait lorsqu'elle était officier. Hans l'aimait, il refusait de la perdre. Il avait déjà tant de soucis avec les menaces qui pesaient sur la Reine... Oscar ne voulait pas entendre raison. Il fut contraint d'accepter cet état de fait, mais il finit par la persuader de gagner Bruxelles où il s'était lui-même installé : près de la France pour agir, mais en sécurité pour élaborer projets et plans d'évasion pour sauver la famille royale. En échange, il promis de l'épouser dès qu'ils le pourraient. Malheureusement, ils n'en eurent pas le temps.
Il en fut ainsi pendant quelques mois, jusqu'à l'hiver 1791. Oscar ne cessait de passer la frontière, ne tenant pas en place, cherchant à porter assistance au Comte. C'est ainsi qu'elle mourut sous ses yeux. On avait planté la lame d'une baïllonette dans le dos de cette femme extraordinaire. Si Hans avait pu s'échapper du guêt-appens que l'on avait dressé à la frontière pour s'emparer des émigrés, il avait tenu à rester jusqu'au départ de ses meurtriers. Lorsqu'ils furent partis, il s'agenouilla auprès d'Oscar et la serra dans ses bras, longtemps... longtemps... "Je vous ai aimée, Oscar... Je vous ai aimé..." Il pleurait comme jamais il ne l'avait fait avant. Oscar était morte sans avoir compris ce qui lui arrivait. Le coup de lame de la baïllonette avait été particulièrement bien ajusté et elle n'avait pas entendu ses agresseurs approcher. Lui-même, qui arrivait à sa rencontre, n'avait pas eu le temps de crier pour l'avertir. c'était un miracle qu'ils n'eurent point déceler sa présence.

Il pleurait comme jamais il ne l'avait fait avant, et pourtant d'autres occasions allaient bientôt se présenter sous leurs funestes atours. Oscar était la première victime d'une longue série de tragédie qui s'acheverait par sa mort, le 20 Juin 1810.

Le chagrin de Hans était immense. Il devait redoubler d'efforts pour sauver celle qui lui restait, sa Reine magnifique et magnifiée. Il travailla sans relâche à un projet d'évasion, mais l'échec de Varennes aggrava la situation. Il se sentait mourir doucement, comme s'il avait déjà deviné tout ce qui allait se passer.

Pendant ce temps, André était arrivé en Suède où il avait rencontré Sofia. Il avait appris le départ d'Oscar. Devait-il rentrer en France pour la rejoindre ou bien l'attendre ? Sofia le persuada d'attendre. Elle écrivit à Hans pour lui dire qu'André était là, mais il ne reçut jamais cette lettre. Oscar ne sut jamais que l'homme qui l'aimait tant en secret avait traversé tant de pays pour la retrouver. Il attendit en vain. Une lettre de Hans à sa soeur portait la triste nouvelle de la mort d'Oscar. André crut devenir fou de chagrin. Ils s'étaient croisés... Ils ne se verraient plus jamais... Fou de douleur, André retourna en France, où il fut immédiatement jeté en prison. On crut qu'il était un émigré revenu pour jouer les espions. Il échappa de peu à la mort. Rosalie le sauva. Elle était devenue la maîtresse de Camille-Bernard Desmoulins-Châtelet. Elle sollicita son aide et parvint à le faire sortir de prison. André n'avait plus qu'à embarquer pour les Amériques pour y vivre comme l'ombre de lui-même, soupirant après son amour à jamais perdu...

Hans était retourné à Steninge Slott où il vivait avec Sofia et Axel. Il pleurait sur tous ceux qui avaient péris. Oscar, bien sûr. En 1792, Gustav III avait été assassiné ; il avait succombé à ses blessures après treize jours d'agonie. Puis il avait enterré sa soeur Hedda. En 1793, Louis XVI et Marie-Antoinette avaient été exécutés ; sa Reine n'était plus... Hans appelait la mort de ses voeux. Le 24 Avril 1794, il avait perdu son père. Et le 7 Juin 1795, Louis-Charles, le petit prisonnier du Temple, mourrait à son tour, pauvre enfant dont on disait qu'il était le père.

Il pleurait sur tous ceux qui avaient péris. Un jour, alors qu'il marchait dans ses forêts de Steninge Slott, il découvrit une jeune fille en haillons étendue dans la boue. Il se précipita et la souleva un peu.
- Que vous est-il arrivé, petite ?
L'inquiètude de sa voix si douce apaisa la petite.
- Ooooh, Monsieur, je... J'avais si faim, je cherchais des baies et je suis tombée...
Il la regarda attentivement tandis qu'elle pleurait. Elle avait l'air bien jolie malgré la saleté qui la recouvrait et ses guenilles. Hans tomba sous le charme.
- Comment vous appelez-vous, petite ?
- Rosetta Sten, Monsieur...
- Allons, petite, sèchez vos larmes. Je vous conduis au château, je dois pouvoir vous trouver du travail.
Les yeux de la pauvre Rosetta brillèrent d'espoir. Se pouvait-il qu'il soit sensible à sa misère ? Alors il y avait encore des êtres bons sur cette terre ? Hans la souleva dans ses bras.
- N'ayez pas peur, Rosetta, vous n'avez rien à craindre de moi. je veux seulement vous aider. Vous me raconterez votre histoire.

Il pleurait sur tous ceux qui avaient péris, mais peut-être était-ce cette malheureuse jeune fille qu'il devait sauver ?


FIN.
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