Balades Romantiques
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  PortailPortail  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
-28%
Le deal à ne pas rater :
Brandt LVE127J – Lave-vaisselle encastrable 12 couverts – L60cm
279.99 € 390.99 €
Voir le deal

 

 Rencontre avec le destin

Aller en bas 
AuteurMessage
Rosetta von Fersen
Coeur tendre
Coeur tendre
Rosetta von Fersen


Nombre de messages : 111
Date d'inscription : 07/11/2005

Rencontre avec le destin Empty
MessageSujet: Rencontre avec le destin   Rencontre avec le destin EmptyMar 8 Nov - 22:36

RENCONTRE AVEC LE DESTIN


Partie I, Vienne - 1810.

Un pâle soleil se levait sur Vienne, tirant de la nuit demeure après demeure, maison après maison. Et dans l'un de ces modestes logis, un frère et une soeur se relayaient au chevet de leur mère mourante. Elle n'était âgée que d'une trentaine d'années, et bien qu'elle eut été robuste, une maladie dont elle ne connaissait pas même le nom venait peu à peu à bout de ses forces. Elle était restée très jolie malgrè les épreuves qu'elle avait traversé tout au long de sa courte vie. Au fil du temps, seules de petites marques s'étaient formées auprès de ses yeux bleus délavés. Il est vrai qu'elle avait tant pleuré, tant versé de larmes qu'elle s'était parfois demandée s'il était possible qu'il en reste en son corps. Depuis l'âge de treize ans, elle avait petit à petit perdu tous les gens qu'elle aimait, tous de mort violente. Aucun des hommes et des femmes qui avaient un jour veillé sur elle ne s'était paisiblement éteint de vieillesse dans son sommeil. Elle trouvait parfois étrange qu'il n'y eut point d'autre mort dans son entourage depuis quinze ans. Mais ces quinze dernières années avaient été justement hantées par la crainte de perdre à nouveau un être cher. Le dernier en date était son époux, mort bêtement d'une chute de cheval dans le nord de la France. Puis il y avait eu cet homme qui l'avait abandonnée. Elle n'avait dès lors cessé de trembler pour les seuls êtres qui lui restaient, ses deux enfants. Une brave femme du nom de Liesl, veuve également, l'avait accueilli chez elle et lui avait trouvé une place de couturière. Ses enfants avaient grandi, et voilà qu'elle devait leur dire adieu.

Elle appela sa fille :
- Mon enfant, je voudrais que tu saches quel secret je garde en moi depuis si longtemps, je voudrais tout te dire avant qu'il ne soit trop tard. je sens mes forces me quitter... Cela te concerne au plus haut point, toi et toi seule...
La jeune fille ne put s'empêcher de fondre en larmes à ses mots. Non, c'était trop injuste !
- Non, ne pleure pas, insista la mourante en caressant doucement ses beaux cheveux blonds noués avec un ruban.
Debout près de sa soeur, un jeune homme prit la parole :
- Je crois que...je devrais peut-être vous laisse seules...
Sans un bruit, il quitta la petite chambre et rejoint madame Liesl qui attendait, inquiète, dans le petit escalier. Le frère et la soeur s'était toujours entendu à merveille. Lui, Camille, qui rêvait d'être journaliste, avait une magnifique chevelure brune et bouclée. Quant à sa soeur, elle était blonde comme les blés et commençait à travailler comme sa mère dans un atelier de confection. Camille avait senti à ce moment-là qu'il était préfèrable que sa mère, si elle avait un secret, puisse se confier à sa fille et à elle seule. Et il y avait bel et bien un secret, un secret douloureux. Le récit fut long. La jeune fille était trop surprise pour dire quoi que ce soit lorsque sa mère lui apprit que son époux, le père de Camille, n'était plus de ce monde depuis deux ans lorsqu'elle vint au monde en 1796... Elle sentait ses mains trembler tandis qu'elle serrait celles de sa mère. La pauvre femme lui parla alors de son véritable père, sans bien comprendre dans son délire que sa fille n'aurait alors qu'une idée en tête, le retrouver à tout prix. Elle lui révéla son nom, l'endroit où il vivait, et devant la stupeur grandissante de la jeune fille, elle lui demanda de prendre le coffre en bois qu'elle gardait sous son lit depuis quinze ans. La jeune fille l'ouvrit. Il contenait de l'or en abondance, plus qu'elle ne pouvait espérer en voir un jour, suffisement pour vivre à l'abri du besoin.
- Pourquoi... Pourquoi avoir gardé tout cet argent caché, ne pas s'en être servi ?
- Tu comprendras plus tard, mon enfant, mais je ne voulais pas de son argent. Il a laissé tout cela lorsqu'il est parti. Il ignorait que j'étais enceinte, mais il voilait que je sois à l'abri du besoin. ... Je ne crois pas qu'il serait resté s'il avait su, je n'en sais rien. Lorsqu'il est parti je ne savais pas moi-même que je poratis un enfant. Il serait peut-être resté par devoir car c'était un homme bien, mais il aurait été encore plus malheureux en étant forcé de rester avec moi qu'il ne l'était déjà. Prends cet argent. Camille pourra réaliser son rêve, être journaliste, et tu pourras avoir une dot digne de ce nom pour échapper à la misère.

Ils pleuraient en silence. Ils venaient de dire adieu à leur mère. Camille apprit rapidement quel était le fameux secret à force de questionner sa soeur. Le choc fut dur. Sa mère lui avait toujours dit qu'il était le protrait fidèle de son père avec ses yeux verts et ses cheveux bruns et bouclés, et il avait cru que sa soeur ne ressemblait qu'à sa mère. La vue du coffre le stupéfia une fois de plus.
- Je t'en pris, il faut que tu m'aides à retrouver mon père, disait la jeune fille.
- Je ne te comprends pas. nous sommes frère et soeur, nous nous adorons, cela ne te suffit-il pas ? depuis que nous sommes nés, notre mère nous a dit combien notre père était merveilleux, combien il serait fier de nous, et maintenant, tu veux retrouver cet homme que tu n'a jamais vu ?
- Mais tu voudrais faire la même chose que moi ! Si jamais notre père, enfin, le tien, n'était pas mort, s'il était parti...
- Je ne me souviens absolument pas de lui... Je n'avais que quelques mois au moment du drame, mais ce n'est pas du tout pareil !
- Si, voyons !
- Bon sang, cet homme est aprti, il a alissé notre mère seule, moi j'étais encore très petit au point de ne pas me souvenir de lui, et ...
- Je t'en pris, Camille, ne nous disputons pas. Nous ne nous disputons jamais, il ne faut pas faire de peine à notre mère.

Camille se rangea finalement à l'avis de sa soeur, et accepta de partir à la recherche de cet homme. Il fallait voyager loin, aller dans un autre pays alors que l'Europe était à feu et à sang. Camille se chargea de préparer les moindre détails du voyage avec l'aide de Liesl qui connaissait beaucoup de gens susceptibles de les aider. Le coffre en bois que leur mère leur avait laissé en héritage leur rendit bien des services. A la veille du départ, comme Camille s'occupait des derniers préparatifs, il demanda une nouvelle fois :
- Je n'arrive pas à y croire... Peux-tu me dire une nouvelle fois son nom ?
Et la jeune fille répondit :
- C'est le comte Hans-Axel von Fersen...
Revenir en haut Aller en bas
http://103736.aceboard.fr/index.php?login=103736
Rosetta von Fersen
Coeur tendre
Coeur tendre
Rosetta von Fersen


Nombre de messages : 111
Date d'inscription : 07/11/2005

Rencontre avec le destin Empty
MessageSujet: Re: Rencontre avec le destin   Rencontre avec le destin EmptyVen 11 Nov - 0:00

Partie II, Stockholm-1810.

En cette année 1810, se rendre de Vienne à Stockholm n'était guère chose aisée. Depuis la Révolution, l'Europe était en effervescence et l'arrivée au pouvoir de Napoléon avait été accompagnée de guerres sans fin. Les deux jeunes gens durent d'abord se rendre en Poméranie pour prendre le bateau qui devait les mener en Suède, vers l'inconnu. Et il y avait en Suède de nombreux troubles depuis que le roi avait refusé d'adhérer au blocus continental. Cependant, le frère et la soeur étaient loin de toutes ces considérations. Là-bas, dans un pays qu'ils ne connaissaient pas, vivait le père de la jeune fille. La traversée se fit dans un silence pesant. Debouts sur le pont, ils songeaient tous deux à ce qui les attendait. Quelle serait la réaction du comte de Fersen, lui qui ignorait tout de la jeune fille ? Se souvenait-il seulement de sa mère ? Si la jeune fille espérait de tout son coeur qu'il l'accueillerait à bras ouverts, Camille en doutait fortement. Sans même le connaître, il le détestait. Et ce voyage ne lui disait rien qui vaille. Camille rêvait d'être journaliste, et voilà qu'il s'était embarqué dans une aventure qui, pensait-il, ne leur apporterait que des ennuis et des larmes. Encore d'autres larmes... Bien sûr, il serait toujours temps pour lui de réaliser son rêve lorsqu'il rentrerait à Vienne, mais si jamais cet homme qu'il détestait en secret décidait malgrè tout (il fallait envisager toutes les lubies des nobles) de garder sa fille auprès de lui, était-il prêt à la laisser ? Non, bien sûr, Camille resterait à ses côtés. Les deux jeunes gens vivant à Vienne parlaient allemand, mais étant Français leur mère leur avait enseigné sa langue natale. Mais pas le suédois. Cependant, ils n'avaient pas à s'inquiéter à ce sujet. La noblesse suédoise parlait français, au point d'en oublier parfois sa propre langue, si bien que les erviteurs les plus hauts placés dans la hiérarchie de la domesticité avaient à leur tour appris le Français. Non, ce n'était décidemment pas de cela qu'il fallait avoir peur. Ils ignoraient comment le comte les recevrait, s'il acceptait de les recevoir... Brisant le silence, Camille prit la parole, ses beaux yeux verts plongenat dans les prunelles azures de sa soeur :
- Nous avons sans doute entrepris ce voyage pour rien, se plaignit-il. Crois-tu qu'il sera heureux d'apprendre qui tu es ? Cela risque d'être pénible, je te préviens.
Le jeune homme soupira, plongeant les mains dans ses boucles brunes. C'était inutile... La petite soeur était tétue et il savait qu'elle irait jusqu'au bout, quoi qu'il arrive, quand bien même le comte de Fersen se montrerait désagréable ... ou pire ...

Ils arrivèrent enfin à Stockholm dans la matinée du 20 juin. Aussitôt débarqués, ils ne perdirent pas de temps et se rendirent à Blasieholmen où se dressait l'imposante et magnifique demeure des Fersen. Camille avait parlé au capitaine du bateau et ce dernier lui avait indiqué le chemin à prendre. Ce fut tout juste s'ils remarquèrent une certaine agitation autour de l'énorme masse du Palais royal surplombant la Baltique, ce fut à peine s'ils perçurent au loin une longue clameur, un vaste mouvement d'agitation qui peu à peu envahissait l'est de la Venise du Nord. Hésitant un bref instant, Camille frappa à la lourde porte de la demeure. A peine celle-ci fut-elle ouverte qu'il comprit que quelque chose de très grave se produisait à l'instant même. En effet, ce fut un vieil homme bouleversé qui leur ouvrit, soudain inquiet à la vue de ces visages inconnus. Ce fut Camille qui parla, sa soeur ne pouvant que tenter de maîtriser les battements de son coeur : enfin elle allait le voir ! Bien entendu, Camille cacha soigneusement le véritable but de leur visite, disant simplement qu'ils souhaiteraient s'entretenir avec le comte de Fersen. Un faible gémissement lui répondit. Camille remarqua alors la jeune servante qui se tenait derrière le vieil homme : elle se tordait les mains comme si elle était dans l'attente d'un grand malheur.
- Hélas, dit le vieil homme, monsieur le comte est parti à 9 h ce matin pour les funérailles du prince héritier Karl-August. Il aurait été empoisonné, et c'est monsieur le comte que l'on accuse, ainsi que sa soeur madame Sofia. C'est horrible, je crains le pire, depuis hier les rumeurs d'un soulèvement se font chaque minute plus pressantes ! Nous avons tout fait pour le retenir mais monsieur n'a rien voulu savoir !
A ces mots, la jeune servante gémit de plus belle. Le frère et la soeur étaient horrifiés. Leur mère leur avait raconté des scènes qui avaient eu lieu pendant la Révolution, et ils ne pouvaient détacher leurs penséees de ces douloureux moments qu'ils n'avaient pourtant pas connus. Camille regarda sa soeur qui s'était avancée.
- Vous devez nous aider, dit-elle, c'est de la plus extrême importance !
Le vieil homme soupira et appela un jeune garçon. Il lui dit quelques mots en Suédois et celui-ci leur fit alors signe de le suivre.
- Il vous conduira sur le trajet du cortège en sens inverse, si tant est que vous puissiez passer...

Suivant leur guide, les deux jeunes gens passèrent le Palais royal sans un regard, traversèrent Gämlestan, et s'arrêtèrent soudain, figés d'horreur. Une foule innombrable s'était amassée un peu plus loin, une foule compacte poussant des hurlements atroces, une foule avide de sang. Ils s'approchèrent un peu jusqu'à la Riddarhuset. La foule enragée s'était écartée pour admirer son "oeuvre", un corps sanglant et déchiqueté gisant sur les pavés. La jeune fille le voyait pour la toute première fois, et pourtant elle sut que c'était lui. A 55 ans, le comte Hans-Axel de Fersen était toujours le plus bel homme du royaume et peut-être même d'Europe, amis hélas la jeune fille n'aurait pu le reconnaître si elle avait eu un portrait de lui tant son beau visage était blessé, tant la foule l'avait piétiné de part en part. Un instant, leurs regards se croisèrent, un bref instant. Il ignorait que sa fille était là, le fixant intensément, tremblant de tous ses membres. Puis ce fut fini ... Poussant des cris de joie, la foule voulut néanmoins s'assurer qu'il fut bien mort, et une fois satisfaite elle se dispersa. La jeune fille; submergée par l'émotion, le chagrin et la colère, ne put retenir ses larmes, et aurait voulu se jeter auprès de son père qu'elle perdait à l'instant même où elle le retrouvait. Elle en voulait à la terre entière, elle était arrivée trop tard... Mais déjà Camille l'entraînait. Il était trop dangereux de rester ici, la foule pouvait s'en prendre à eux.
- Viens, Rosalie, ne restons pas là... articula-t-il faiblement.
Elle s'appelait Marie-Rose, mais pour tout le monde c'était Rosalie. Oui, Rosalie. Comme sa mère...
Revenir en haut Aller en bas
http://103736.aceboard.fr/index.php?login=103736
Rosetta von Fersen
Coeur tendre
Coeur tendre
Rosetta von Fersen


Nombre de messages : 111
Date d'inscription : 07/11/2005

Rencontre avec le destin Empty
MessageSujet: Re: Rencontre avec le destin   Rencontre avec le destin EmptySam 12 Nov - 3:35

Partie III, France-octobre 1793/octobre 1794.

"Citoyen Bernard Camille Châtelet, nous avons ordre de t'emmener à la prison des Carmes car tu t'es servi de ta position de député pour introduire ta femme à la Conciergerie auprès de l'infâme Antoinette !"
Les hommes qui venaient de surgir en pleine nuit chez les Châtelet empoignèrent alors Bernard qui les suivirent sans opposer de résistance, comme s'il se doutait que son arrestation serait imminente. Il n'en fut pas de même pour Rosalie. Madame Châtelet s'était jetée aux pieds de l'homme qui venait de parler, le suppliant, d'une voix plaintive couverte par ses sanglots, de lui laisser son mari.
- Estime-toi heureuse que les ordres du citoyen Robespierre ne te concerne pas. S'il ne tenait qu'à moi, tu serais déjà à la Conciergerie, dans le cachot que tu connais si bien !!
La repoussant brutalement, il disparut, claquant la porte derrière lui. Effondrée sur le sol, Rosalie versait toutes les larmes de son corps...
Il ne s'était écoulé que quelques jours à peine depuis ce matin du 16 octobre où Rosalie serrait contre son coeur la rose de soie blanche que la reine lui avait donné au moment de monter sur l'échaffaud. Celle qui avait été la rose de la France périt sous les insultes, devenue pour le peuple "le royal veto femelle". Aujourd'hui, Rosalie pleurait pour Bernard, se doutant du sort qui l'attendait, sachant qu'un jour ou l'autre on viendrait elle aussi la chercher. non, c'était impossible ! Rosalie devait vivre, vivre pour l'enfant qu'elle portait. Tout en se réjouissant à l'annonce de la future naissance, Bernard lui avait fait jurer de ne rien tenter si jamais on le jetait en prison, et la rage au coeur elle lui obéit. Il pensait qu'ainsi on les épargnerait peut-être, elle et leur enfant. Bientôt ce fut l'hiver, puis le printemps arriva, et la Terreur était plus que jamais à l'ordre du jour. Rosalie craignait à chaque instant apprendre le transferment de son époux à la Conciergerie, qui serait immanquablement suivi d'une exécution, mais il ne s'était toujours rien passé. Bernard lui-même voyait chaque jour des prisonniers quitter les Carmes pour être guillotiner, mais on semblait l'avoir oublié. Robespierre s'était-il souvenu de son ami ? Et Saint-Just ? Bernard pensait sans cesse à Rosalie : ne verrait-il jamais leur enfant ? De plaisants incidents vinrent heureusement interrompre ces sombres pensées pendant tous ces mois qu'il passa à la prison des Carmes : malgré la présence de son époux, qui devait bientôt finir sur l'échaffaud, une certaine madame de Beauharnais avait décidé de le séduire, et Bernard avait dû repousser les assauts de la future impératrice qui l'appelait "beau brun" ! Mais la liberté n'était plus très loin pour ceux qui avaient la chance d'être encore en vie : en Thermidor, Robespierre et Saint-Just étaient à leur tour guillotinés et l'on ouvrit les prisons. Bernard put enfin serrer dans ses bras sa bien-aimée Rosalie, ainsi que leur fils, Camille.

Les Châtelet avaient quitté Paris tandis que l'on mettait en place le nouveau régime. Ils avaient beaucoup de temps à ratrapper, et pendant leur séparation les deux époux avaient eu le temps de réfléchir à tout ce qu'ils avaient partagé depuis leur rencontre, le jour où madame de Polignac avait renversé la "mère" de Rosalie. Ils parlèrent longuement d'Oscar de Jarjayes et d'André Grandier. Bernard s'était juré d'écrire quelle avait été leur vie si jamais il survivait à la Révolution à laquelle il avait lui-même activement participé au début. Ce fut dans ce but qu'ils quittèrent Paris et se rendirent auprès de la dernière personne à avoir vu leurs amis en vie : Alain Lavigne. Alain était devenu fermier et semblait enfin avoir trouvé la paix. Certes, jamais il n'oublierait sa mère ni sa petite soeur dont il contemplait si souvent les tombes, mais il avait lui aussi pris le temps de s'apaiser dans le tourbillon qui les avait tous emporté en si peu de temps. Ce fut là rencontre bien émouvante. Les trois amis étaient intarrissables lorsqu'il s'agissait d'Oscar et André. Puis, ayant séjournés quelques semaines chez Alain, Bernard et Rosalie décidèrent de se rendre à Arras pour se recueillir sur leurs tombes. Alain, qui s'était attaché au petit Camille, leur dit : "Un p'tit gars comme ça, c'est un rayon de soleil, c'est pour lui que la vie vaut la peine d'être vécue."

Hélas, le destin sais se montrer bien cruel : à ceux qui ont surmonté tant d'épreuves et qui ont échappé à la mort il n'est pas forcément permis d'être heureux. Quelle injustice... Quelle misère est-ce là ! Quelques jours après avoir quitté Arras, Bernard mourait bêtement, d'une chute de cheval absurde, lui, l'ancien Masque Noir qui galopait plus vite que l'éclair. La voiture avait versé, et il avait laissé Rosalie et le bébé pour aller chercher de l'aide. Il avait détacher le cheval, traversé les bois et là un animal avait surgi de nulle part, effrayant le cheval au point de précipiter le malheureux Bernard tête la première. Rosalie pleura, Rosalie cria à l'injustice, Rosalie ne savait où aller. Elle était à nouveau seule au monde avec un bébé à élever. Les funérailles eurent lieu rapidement, et maintenant ? Retourner voir Alain ? Non, elle ne voualit pas s'imposer. Au cours de sa courte existance elle avait toujours été une charge pour quelqu'un. Non, elle devait se débrouiller seule. Elle erra jusqu'à Bruxelles, cherchant dans chaque village un travail quelconque comme lorsqu'elle vivait auprès de sa chère maman. Et comme en ce temps-là elle ne trouvait rien. La guerre contre les puissances coalisées avait fait beaucoup de dégâts, et elle entendait à nouveau ces mots si souvent prononcés : "Revenez quand les temps seront meilleurs."

Comme au temps de ces malheurs, lorsque Rosalie entra dans Bruxelles en Octobre 1794, un carosse manqua la renverser. Alors comme dans un rêve un visage infiniment séduisant apparu à la protière : "Madame, vous n'avez rien ?" L'homme descendit du carosse et l'aida à se relever.
- Oh, mais je vous connais !!
Rosalie aussi le reconnaissait. Elle n'avait jamais oublié le beau gentilhomme suédois, le comte Hans-Axel de Fersen. Mais si d'apparence il n'avait pas changé, elle devait bien vite se rendre compte que depuis un an quelque chose en lui était mort en même temps que sa reine bien-aimée, qu'il était plus que jamais amer et sombre, et qu'il en voulait au monde entier...
Revenir en haut Aller en bas
http://103736.aceboard.fr/index.php?login=103736
Rosetta von Fersen
Coeur tendre
Coeur tendre
Rosetta von Fersen


Nombre de messages : 111
Date d'inscription : 07/11/2005

Rencontre avec le destin Empty
MessageSujet: Re: Rencontre avec le destin   Rencontre avec le destin EmptyLun 14 Nov - 1:59

Partie IV : Suède, château de Steninge, 1794-1795.

Quelques mois s'étaient écoulés depuis l'arrivée de Rosalie à Bruxelles, et la jeune femme était aujourd'hui encore stupéfaite de la décision qu'elle avait prise. Sans trop de difficultés, Fersen l'avait persuadée de l'accompagner en Suède. Elle avait fait son choix. Fersen était installé à Bruxelles depuis la "Sortie" qui avait échoué à Varennes. C'était de Bruxelles qu'il avait tout tenté pour sauver sa reine. C'était là également qu'il avait appris sa mort. A présent, il s'entretenait d'obscures affaires financières avec le comte de Mercy et pensait rentrer en Suède. Rosalie lui avait raconté ses malheurs mais il l'avait écoutée d'une oreille distraite : Bernard Châtelet n'était-il pas l'un de ces révolutionnaires qui avaient osé lui prendre l'être chéri entre tous ? Il ne dit mot lorsqu'elle parla d'Oscar et André. Mais l'expression de son beau visage avait changé du tout au tout lorsqu'elle lui tendit la rose de soie blanche que la reine lui avait donné dans sa prison. Les quelques moments que Rosalie avait passé avec elle étaient désormais tout ce qui les reliait. Pour Hans-Axel, ces moments étaient plus précieux que tout. Que n'aurait-il donné pour rester auprès de Marie-Antoinette jusqu'à la fin ! Que n'aurait-il pourfendu tous ces gens qui s'étaient réjouis ce 16 octobre de malheur ! Il avait alors demandé à Rosalie de l'accompagner en Suède. Elle l'avait d'abord regardé droit dans les yeux :
- Vous avez certainement besoin d'une servante. Dans ce cas, je...
Elle s'interrompit. Certes, il représentait tout ce que Bernard avait combattu, un noble devenu de plus un contre-révolutionnaire acharné, mais elle devait également trouver un moyen de subsistance, ce qui lui avait été refusé jusque là sur la route de Bruxelles. Elle devait songer à son bébé. De plus, les excès de la Terreur l'avait fait réfléchir. "Grâce au ciel" avait dit Bernard, "Oscar et André n'ont pas vu ce que la révolution est devenue". Il fallait bien reconnaître qu'elle leur avait échappé, alors pourquoi détesterait-elle Fersen ? Elle pouvait comprendre ce qu'il ressentait.
- Non, ce n'est pas cela, dit-il, interrompant ses pensées. Vous ayant à mes côtés je retrouve une partie de ce passé à jamais perdu. Vous seule pouvez me parler des confidences que vous fit la reine.
Et Rosalie accepta. Le 30 octobre, ils partaient pour la Suède.

"Ne vous inquiétez pas, ma famille ne viendra pas vous ennuyer" avait-il dit. Ils s'installèrent en effet à la campagne au château de Steninge où ils étaient seuls, entourés d'une multitude de domestiques. A son grand étonnement, Rosalie se vit attribuer "l'appartement de madame la comtesse attenant à la nursery" pour Camille. Une image rapide traversa l'esprit de Rosalie, celle d'une jeune femme au regard doux et triste. Le frond appuyé aux carreaux de la fenêtre, elle attendait désespérement le retour d'un mari qui courait l'Europe pour une autre femme. Comme s'il lisait dans ses pensées, Fersen lui rétorqua :
- Il n'y a pas eu d'autre comtesse de Fersen que madame ma mère qui est décédée. Quant à la nursery cela fait bien longtemps qu'elle est inoccupée.
A ces mots, le comte tourna les talons et Rosalie ne le vit plus pendant plusieurs mois. Il tentait d'oublier cette souffrance qui lui perçait le coeur chaque fois qu'il pensait à Elle en menant pour la première fois la vie de grand propriétaire terrien, surveillant lui-même les récoltes sur ses terres. Le soir il ne se couchait que mort de fatigue, non sans avoir contemplé une dernière fois ses "trésors" religieusement conservés, un anneau et une montre en or que la reine lui avait laissés, sans oublier la rose. Quant à Rosalie qui devait tenir le rôle de confidente, elle vivait seule avec son fils. Jamais ils ne prenaient un repas ensemble. Hans-Axel s'était contenté de donner des ordres pour qu'elle ne manque de rien. Apprenant que l'ennui la gagnait, il lui laissa libre l'usage de sa bibliothèque composée en majeure partie d'ouvrages en langue française. Rosalie ne pensait qu'à Bernard lorsque ses lectures ne l'emportaient pas à mille lieues d'ici, mais elle justifiait le fait d'être entretenu par un aristocrate ainsi : Bernard n'aurait jamais voulu que leur fils meurt de faim. Elle n'avait pas oublié la cause qu'ils défendaient, mais le bien-être de Camille passait au-dessus de tout. Le comte ne se souciait d'elle que par domestiques interposés, mais bientôt tout allait changer.

Le 19 mars 1795, presque 18 mois après la mort de l'être aimé, Hans-Axel recevait un dernier billet de Marie-Antoinette. Il portait ces quelques mots, tracés par la main chérie : "Adieu, mon coeur est tout à vous". Ce fut pour le comte un terrible choc. Resté d'abord immobile sous une pluie battante, les yeux levés vers le ciel, insensible à la morsure d'un vent glacial, il courut enfin s'enfermer à double tour dans la bibliothèque où il se mit à boire plus que de raison. De longues heures s'écoulèrent, puis ce fut la nuit. Au matin du 20, Rosalie entendit les domestiques parler du triste état de monsieur le comte. Personne ne pouvait entrer dans la bibliothèque où Hans-Axel s'abîmait dans la contemplation d'une bouteille vide. Le précieux billet, tenus entre ses mains fébriles, avait été collé dans le Dagbok, ce journal qu'il rédigeait au quotidien depuis l'âge de 15 ans lorsqu'il avait entrepris le grand tour d'Europe comme tous les jeunes nobles. Le soir enfin il consentit à regagner ses appartements, au grand soulagement de ses gens qui craignaient que le souvenir de la reine ne soit une épreuve de trop et qu'il commette l'irréparable. c'était oublier que son souvenir ne l'avait jamais quitté. Sans comprendre ce qu'elle faisait, Rosalie ouvrit la porte de communication qui rleiait les appartements du comte et de la comtesse. Voulait-elle le réconforter ? Nul ne sait quelle était son idée, ses pensées à cet instant précis. Elle vivait aux côtés de cet homme et pourtant il était si lojn, elle ne l'avait pas vu depuis son arrivée, et à présent elle se rendait dans ses appartements, dans sa chambre, sans son autorisation. Elle le trouva recroquevillé dans un fauteuil, fixant les flammes qui dansaient dans l'âtre. En chemise, le gilet défait.
- Que voulez-vous ? demanda-t-il sans lever les yeux vers elle.
Rosalie sursauta.
- Oooh, je... je... Tout le monde se fait du souci pour vous, monsieur de Fersen, bredouilla-t-elle, toute étonnée de sa hardiesse.
Le beau Suédois se leva. Il la regardait à présent comme s'il la voyait pour la première fois.
- Et permettez que je me retire, ajouta la jeune femme en faisant une petite révérence.
Mais Hans-Axel ne la laissa pas partir. Bien au contraire, il la saisit par le poignet et l'attira tout contre lui.
- Oh, mais que faites-vous, monsieur de...
Et lorsqu'il la fit taire d'un baiser, au lieu de se débattre Rosalie oublia tout ce qui existait sur terre. Elle s'abandonna totalement, tant pis s'il pensait être avec la reine, tant pis ! Puis l'étreinte du comte se fit plus puissante encore, et il la renversa sur le lit...

Lorsqu'au bout de quelques instants Rosalie réalisa qu'elle se réveillait dans le lit du comte, une bouffée de honte l'envahit. Profitant qu'il soit encore endormi, elle ramassa ses vêtements et courut à ses appartements par le même chemin qui l'avait conduit ici la veille. Avait-elle si peu de vertu, se repprochait-elle, au point de se donner à un homme qu'elle n'aimait pas et qui incarnait tout ce que Bernard, son époux adoré, avait combattu ? Depuis qu'elle était en Suède, elle s'était souvent demandée si Fersen aurait donné l'ordre de tirer sur le peuple s'il s'était trouvé à Paris au moment des troubles, à la tête du Royal-Suédois. Mais qu'avait-elle donc fait ! Elle avait trahi Bernard. Comment pourrait-elle désormais regarder son fils en face ? Ainsi, Fersen se montrait sous son véritable jour... L'avait-il désiré elle, Rosalie, ou se serait-il comporté de même avec la prmeière soubrette venue s'enquérir de sa santé ? Mais il est de brusques remords qui s'effacent aussi vite qu'ils sont apparus, emportés par le premier souffle de vent. A défaut d'aimer et d'être aimée en retour, Rosalie devait bien admettre que cet événement inattendu ne lui déplaisait pas tant que cela. Elle ne lui avait pas résisté. Certes, quand bien même, elle n'était pas de taille, et le comte serait de toute manière parvenu à ses fins de grè ou de force, mais elle ne lui avait pas résisté parce qu'elle ne l'avait pas voulu. Elle qui avait survécue à la Terreur, n'avait-elle pas le droit d'être un peu heureuse même si elle était consciente que ce qu'ils ressentaient tous deux n'était pas de l'amour ? "Oh, Bernard, je ne sais pas quoi faire !" se lamentait-elle. Si Rosalie avait pensé trahir un spectre, il en était de même pour Hans-Axel, plongé une nouvelle fois dans des tourments sans fin. Il ne s'inquiétait pas pour Rosalie, après tout, il n'avait pas eu à la forcer, mais la reine... Avait-il trahi la reine avec une fille des halles ? "Oh, ma reine, puissiez-vous me pardonner !" se lamentait-il. Rosalie aurait-elle applaudi si on l'avait envoyé à la guillotine ? Non, ce n'était pas possible, elle avait montré tant de compassion pour Marie-Antoinette, et elle avait pleuré lorsqu'elle lui avait parlé d'elle. Lorsqu'elle vivait chez Oscar de Jarjayes elle était si douce... Puis Hans-Axel décida qu'il n'avait pas trahi la reine. S'il lui avait juré de ne jamais prendre épouse, cela signifiait-il que de sa vie il ne toucherait plus une femme ? Non, bien sûr. Des plus noirs abîmes à la plus joyeuse humeur, il n'y a qu'un pas. Il tira sur le cordon pour faire monter son valet.

Tous s'étonnèrent de ce brusque changement. Si Hans-Axel était et demeurerait jusqu'à sa mort un homme tourmenté, il semblait avoir repris goût à la vie. Désormais, il partageait tous ses repas avec Rosalie et il lui fit visiter le domaine. La jeune femme, de son côté, découvrit qu'elle aimait s'endormir dans les bras du comte. C'était comme si Bernard et Marie-Antoinette n'avaient jamais existé, leurs remords respectifs se faisant plus rare. Les deux amants connurent trois mois de bonheur. Oui, trois mois. Car, fatalement, trois mois jour pour jour après leur première nuit, le calendrier affichait la date fatidique du 20 juin, le spectre de Varennes. "J'aurais dû mourir, ce jour-là", murmurait-il, meurtri par le désespoir...
Revenir en haut Aller en bas
http://103736.aceboard.fr/index.php?login=103736
Rosetta von Fersen
Coeur tendre
Coeur tendre
Rosetta von Fersen


Nombre de messages : 111
Date d'inscription : 07/11/2005

Rencontre avec le destin Empty
MessageSujet: Re: Rencontre avec le destin   Rencontre avec le destin EmptyMar 15 Nov - 2:48

Partie V, Vienne-1795-1796.

Pire que le 16 octobre, le 20 juin représentait aux yeux du comte de Fersen LA date maudite et monstrueuse.Il ne cessait de se repprocher l'échec de la "Sortie" des Tuileries. Il avait causé la perte de sa reine, pensait-il, et jamais il ne pourrait se le aprdonner. Assailis par les remords, il quitta le château aux aurores. Son absence se prolongea tant et si bien qu'il ne fut pas là pour accueillir sa soeur Sofia qui avait pourtant annoncé sa visite. Elle dût patienter jusqu'au soir pour pouvoir enfin s'entretenir avec son frère.
- Je dois vous gronder, mon cher frère, car vous n'êtes pas venus nous rendre visite depuis votre retour, il y a de cela huit mois. Vous savez pourtant que depuis la mort de père votre place est auprès de notre roi, à Stockholm ou au palais de Drottningholm.
- Je vois que vous venez me faire la morale. Y a-t-il autre chose ?
Mais l'ironie perçait à peine sous son voile de tristesse.
- En effet, Hans. Et c'est volontairement que vous me voyez ici en ce jour. En vous rappelant les devoirs de votre rang je ne vous demande pas d'oublier celle à qui vous aviez consacré votre vie. J'ai rencontré aujourd'hui votre amie Rosalie dont vous m'avez parlé dans vos dernières lettres. C'est une charmante jeune femme, Hans, mais cette passion si soudaine après les paroles vibrantes et enflammées pour la reine de France... Lorsqu'elle vivait encore, dans les lettres que vous m'écriviez vous disiez ne jamais pouvoir lever les yeux sur une autre femme. Ne la trahissez-vous pas ?
Hans-Axel eut un rire sans joie. Il répondit que non, jamais plus il ne donnerait son coeur, jamais plus une femme ne pourrait lire jusqu'au fond de son âme. Mais Rosalie le réconfortait et il faisait de même pour elle.
- Le sort voulut que je vives, que je survives à celle que j'aime. Qu'il en soit ainsi, mais je porterai jusqu'à ma mort le remord d'avoir failli à la mission que je m'étais assignée, sauver la famille royale. Oui, j'aurais dû mourir, ce jour-là. Jusqu'à ce que mon tour vienne, jusqu'à mon dernier souffle, j'errerai, l'âme en peine. Avec une compagne d'infortune, tel un spectre qui ne trouvera jamais le repos.
Fersen ne tenait plus en place. Non, il lui fallait courir l'Europe encore et toujours, comme il l'avait toujours fait. Peu après le départ de Sofia, il décidait de se rendre à Vienne. Les affaires financières dont il s'était entretenu avec le comte de Mercy le conduisaient à présent auprès de l'empereur d'Autriche. Et il emmenait Rosalie avec lui.

Rosalie était enchantée de à l'idée de découvrir l'Autriche. Si on lui avait dit un jour qu'elle verrait tous ces pays... Et Fersen lui avait décrit l'Allemagne, la Suisse, l'Italie et les Amériques, bien sûr. Sa vie n'avait été qu'un perpétuel voyage, une aventure de roman. Rosalie ignorait l'existence de la Finlande où les Fersen possédaient des mines... La jeune femme était inquiète à son sujet : ce voyage, n'était-il pas une fuite sans issue ? Elle ne savait pas quels motifs exacts le conduisaient dans l'empire des Habsburg mais cela ne pouvait qu'avoir un rapport avec Marie-Antoinette... Ils s'installèrent dans un superbe hôtel particulier aux abords de la Hofburg. Très peu de ses gens ayant suivi, Fersen s'entoura de domestiques autrichiens. L'une des lingères, une veuve du nom de Liesl, se prit tout de suite d'affection pour Rosalie et Camille. Les premiers mois s'écoulèrent comme dans un rêve. Il y eut de longues promenades, suivies de nuits pleines de passion. Mais Fersen se rendait de plus en plus souvent au palais de Shönbrunn, insistant lorsqu'il sentait que sa présence embarrassait l'empereur. Celui-ci l'invita pourtant à des bals, mais tout en repoussant toujours à plus tard l'entretien que le comte sollicitait. Et plus la Cour d'Autriche lui montrait de froideur, à lui qui avait consacré sa vie à une archiduchesse de la maison des Habsburg-Lorraine, plus le comte, indésirable mais néanmoins reçu avec tous les honneurs dûs à son rang, se montrait amer, offensé et désagréable. Son exaspération éclata en octobre, lorsqu'il constata qu'il était le seul à "commémorer" le 16, jour de deuil. Il fit alors une chose nouvelle : il jura en Suédois. Rosalie tenta en vain de le calmer :
- Ne vous agacez pas comme cela, que vous importe l'attitude de ces gens de la Cour ?
Mais Fersen était scandalisé.
- Taisez-vous donc, Melle Lamorlière !
- Mais ce n'est plus mon nom...
- C'est le nom de la jeune fille dont je me souviens, celle qui cueillait des roses fraîches pour Oscar de Jarjayes.
Le ton monta très vite. Il s'en prenait à Bernard ! Il avait honte d'elle mais il oubliait qu'elle était mariée à un député du tiers-état lorsqu'il avait besoin d'elle pour apaiser ses sens !
- Je préfère être madame Châtelet que d'être présentée comme votre maîtresse du moment !!
- Jamais je ne vous ai présenté comme telle, voyons !
- Vous croyez sans doute que cela ne se voit pas ?! Mais non, voyons, je ne peux pas être votre maîtresse parce que vous ne choisissez que des maîtresses de haut rang ! Vous préférez me considérer comme une soubrette que vous pouvez peloter à votre guise, exercer le droit du seigneur !
C'en était trop pour Hans-Axel. La gifle qu'il lui assénat la fit tomber à terre.
- Suffit ! Je n'en tolérerai pas d'avantage !
Sans un regard pour elle, il sortit en claquant la porte. Elle pleurait, appelant Bernard à son secours.

Rosalie savait qu'elle aurait dû partir sur-le-champ après cette scène, mais pour aller où ? Liesl lui avait proposé de l'héberger et de lui trouver du travail, mais Hans-Axel s'était montré repentant. Elle lui accorda une seconde chance. Cependant, quelque chose s'était brisé entre eux. Les étreintes du comte se faisaient plus brutales. Ils étaient malheureux. Pourtant, elle espéra une dernière fois que tout allait s'arranger. Hans-Axel apprit qu'il serait bientôt reçu par son altesse Maria Theresa, Madame Royale, la fille de Marie-Antoinette en personne, "Mousseline-la-sérieuse". Le moment tant attendu fut pour le mois de janvier 0796. On annonça le comte Hans-Axel von Fersen, mais la jeune fille le reçut avec beaucoup de froideur. Oui, elle se souvenait de lui mais elle se souvenait aussi de ce que son nouvel entourage avait raconté sur son compte. de cette visite dont il espérait tant, il ne reçut rien. Les scènes avec Rosalie reprirent de plus belle. Il ne pouvait pas rester. La mort dans l'âme devant tant d'ingratitude, il avait pris sa décision, il n'avait plus rien à faire en Autriche. Et pour leur bien à tous deux il ne souhaitait pas que Rosalie rentre en Suède avec lui. Il lui laissa ce qu'il fallait pour qu'elle ne manque de rien et lui fit ses adieux. Rosalie pleura, mais elle savait elle aussi que c'était peut-être mieux ainsi. Ils étaient tous deux dans une impasse et ils en souffraient. Il était temps que chacun reprenne sa route de son côté, lui dans ses brumes glacées du nord, elle dans la modeste maison de Liesl. Ils savaient que plus jamais ils ne se reverraient. Ils devaient pourtant mourir la même année... Liesl lui trouva un travail de couturière. Lorsque bien des années auparavent elle s'était présentée chez Rose Bertin elle ne savait pas coudre, amis la grand-mère d'André Grandier lui avait appris. Cependant, quelques jours seuleument après le départ du comte de Fersen, Rosalie comrpit qu'elle était enceinte. Comment n'avait-elle pas reconnu les signes, elle qui était déjà mère ? Elle ne le savait pas. Fersen lui laissait un enfant... "Oh, monsieur de Fersen, pourquoi ? Pourquoi êtes-vous parti?".


FIN.
Revenir en haut Aller en bas
http://103736.aceboard.fr/index.php?login=103736
Contenu sponsorisé





Rencontre avec le destin Empty
MessageSujet: Re: Rencontre avec le destin   Rencontre avec le destin Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Rencontre avec le destin
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Balades Romantiques :: Versailles No Bara :: Fanfics-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser